Témoignage d'un soldat
Engagé volontaire à 18 ans, je faisais parti du contingent embarqué à bord du Pasteur en 1952 pour l’Indochine, puis muté à Xuân-Mai au Tonkin (région correspondant au nord de l’actuel Vietnam, n.d.l.r.).
Un jour, je me trouvais à ma base arrière à Gia-Lâm. L’officier commandant cette base me dit qu’un gars de chez nous, qui était ivre, avait provoqué une bagarre et fait des dégâts dans un bar à Hanoï. Je vais donc récupérer l’excité à bord d’un 4x4 et avec quatre hommes pour le maîtriser.
De retour au poste, je l’envoie chercher une couverture pour l’enfermer. Il s’empare d’une arme, la braque sur moi en disant : « Viens me prendre à présent ». Je m’avance lentement en le regardant bien en face, et en lui parlant tout doucement. Il hurlait : « Pas un pas de plus, je te descends ». Je continue à avancer en priant : « Seigneur, fais qu’il n’appuie pas sur la gâchette ». Et j’avance, toujours en lui parlant doucement. Son visage reflétait une grande violence.
J’arrive ainsi à lui. Il n’a pas appuyé sur la détente. Il me tend son arme…
Cela s’est passé il y a 63 ans. Revivant ce brusque changement d’attitude au moment où j’arrivais à son contact, je remercie Dieu tous les jours en faisant un rosaire entre quatre et cinq heures du matin (depuis que je suis à la retraite).
J. B.